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Apparition d’un journal quotidien

Mercredi 1er octobre 1879 ♦ Actualité

On annonce d’une manière définitive, et cette fois officiellement, pour le 20 octobre, l’apparition d’un journal quotidien attendu depuis le mois de mai. Nous disons « attendu », parce que la création d’un organe politique placé ouvertement sous le patronage et l’inspiration de M. Dufaure ne pouvait manquer de faire événement, du jour où il en a été parlé pour la première fois. Malgré le temps é.coulé, on savait que le projet était ajourné, mais non abandonné ; il touche à sa réalisation.

Le nom que nous venons d’écrire est à lui seul un programme suffisant pour que le Parlement, — tel sera le titre de notre nouveau confrère, — n’ait pas besoin d’arborer d’autre devise. Il a cru, cependant, devoir éclaircir ce que ce titre même pouvait avoir de vague en y ajoutant : Journal de la République libérale.

La rédaction militante sera composée moins de journalistes de profession que d’hommes politiques et de députés. Elle aura, sinon précisément pour directeur, tout ou moins pour collaborateur principal et pour chef reconnu, M. Ribot, député du Pas-de-Calais. On sait quelle position de confiance et d’intimité M. Ribot occupait auprès de M. Dufaure, alors que celui-ci était garde des sceaux et président du conseil. Les auspices sous lesquels se fonde le Parlement et Le rôle qu’il est appelé à jouer dans la presse demeurent ainsi établis dès à présent avec toute la clarté possible.

Il sera le journal de cette partie du centre gauche qui, sincèrement rallié à la République en tant que forme de gouvernement, garde, à l’endroit du développement des institutions républicaines, toutes ou presque toutes les défiances des vieux conservateurs. Un organe manquait, en effet, à cette petite phalange, loyale mais timorée, vivant de nuances, aussi prompte à s’effrayer de ce qui peut trop l’engager vers la gauche, que de ce qui parait la rejeter vers la droite. En lui donnant une tribune bien à elle, le Parlement contribuera utilement à dissiper la confusion qui s’est plus d’une fois produite sur la question de savoir où commence et où finit ce groupe quelque peu flottant. Ce sera un point de repère de plus dans le champ d’évolution parlementaire, et il aura l’avantage de se trouver placé là où la position était souvent le plus malaisée à reconnaître.

En dehors de l’importance que lui donne par avance le nom de son inspirateur, le rôle que le Parlement est appelé à remplir dans les débats de la session prochaine sera donc d’un intérêt considérable et sérieux.

Quelle que doive être, en plus d’une rencontre, la différence entre sa politique et la nôtre, nous lui souhaitons cordialement la bienvenue, dans l’arène où nous-mêmes faisons aujourd’hui nos premiers pas.

La Nouvelle Revue (Octobre 1879)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.