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Congrès ouvriers

Jeudi 15 juillet 1880 ♦ Actualité

La série des congrès ouvriers, que ramène chaque été, s’est ouverte par une session du congrès régional du Midi tenue à Bordeaux. Les rapports, les délibérations et les votes ont porté sur neuf ordres de questions ; les principales décisions prises peuvent se résumer comme suit :

Révision de la législation relative aux conseils de prud’hommes et extension de leur juridiction ; — abolition du travail dans les prisons, tel qu’il est actuellement organisé ; — liberté absolue en matière de réunions et d’associations ; — propagation et fédération des sociétés ouvrières ; — création d’une presse servant d’organe direct aux travailleurs ; — système de candidatures ouvrières pour toutes les fonctions, avec mandat impératif et démission en blanc signée d’avance ; — établissement dans toutes les communes, d’écoles professionnelles avec enseignement agricole ; — adoption du système de caisse de retraites proposé à la Chambre par M. Nadaud.

Sur presque tous les points, ce programme vise, on le voit, aux solutions pratiques et progressives ; sur aucun il ne sort des choses légales et sensées, quelque opinion que l’on ait, d’ailleurs, de telle ou telle des propositions qu’il contient. Un trait plus digne de remarque encore, c’est le vote émis à propos de la question, si propice aux résolutions excentriques, de l’émancipation de la femme : « Le congrès, — a-t-il été décidé, — ne peut admettre l’émancipation politique de la femme ; mais déclare qu’il faut tout faire pour arriver à son émancipation civile. » Voilà, certes, un langage qui contraste singulièrement avec celui auquel nous avaient habitués jusqu’ici les réunions de ce genre.

Le congrès régional du Centre doit, à son tour, se réunir dans quelques jours à Paris même, dans l’ancienne salle de l’Alhambra, faubourg du Temple. Les séances ouvriront le 18 juillet pour se terminer le 25, et le comité fédéral, sous les auspices duquel a lieu la convocation, en a fixé comme suit l’ordre du jour :

De la ligne de conduite du parti socialiste ouvrier dans la lutte électorale ; deux jours de discussion.

De la propriété ; deux jours.

Du salariat ; un jour.

De la femme ; un jour.

De l’instruction et éducation intégrale et professionnelle ; un jour.

Séance des résolutions et nomination du comité fédéral ; un jour.

Ici, la discussion va porter en plein sur la question sociale et sur le thème socialiste. Il sera intéressant d’en suivre la marche et d’en constater la tendance.

La Nouvelle Revue (Juillet 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.