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Effectifs de l’infanterie

Jeudi 15 janvier 1880 ♦ Actualité

A diverses reprises, la question des effectifs de l’infanterie a été soulevée dans la presse comme à la tribune.

La loi des cadres assigne 85 hommes à chaque compagnie.

C’est là un chiffre notoirement insuffisant, alors que les Allemands comptent 194 hommes par chacune de leurs unités tactiques.

On sait, en effet, qu’au moment d’une mobilisation, la compagnie doit être portée à 250 hommes.

N’est-il pas évident que, si la compagnie compte peu d’anciens soldats et une proportion trop grande de réservistes, elle ne présentera plus cette homogénéité, cette solidité qui est la première condition d’une troupe.

La loi des cadres est donc, sur ce point au moins, à remanier entièrement.

Malheureusement, la pratique est loin de corriger les imperfections de la théorie ; elle les accroît, au contraire, de façon à rendre la mobilisation presque impraticable.

Si la loi dit : « 85 hommes par compagnie », les nécessités journalières du service, certainement exagérées, diminuent ce nombre en plaçant dans l’indisponibilité une partie des soldats que la loi attribue à l’exercice, à l’activité.

Il faut tenir compte malheureusement des gardes, des corvées, etc.

A diverses reprises on a signalé au ministre cet état de choses, on lui a demandé d’y porter remède, et d’abord d’apprécier exactement combien d’hommes étaient ainsi mobilisés.

Le ministre a prescrit une enquête; il s’est fait adresser des rapports circonstanciés par tous les chefs de corps, et le Journal militaire officiel vient de publier le résultat de cette enquête.

Le mal est plus grand encore qu’on ne le soupçonnait.

Près d’un quart de notre armée est rendu inutile par cette funeste habitude de multiplier sans raison les gardes et les corvées, de telle sorte que, loin de diminuer les vices organiques de la loi des cadres, nous les augmentons comme à plaisir.

Le mal est signalé, officiellement signalé ; il s’agit maintenant de faire disparaître au plus tôt ces abus, qui sont pour notre armée une cause déplorable de faiblesse.

C’est le cas, pour le ministre de la guerre, d’affirmer son autorité. Il est indispensable qu’il agisse sans retard.

La Nouvelle Revue (Janvier 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.