Élection en Haute-Vienne

Une élection qu’il est permis de présenter comme très significative en raison des circonstances, vient d’avoir lieu dans la Haute-Vienne. Il s’agissait de pourvoir au remplacement de M. de Peyramont, sénateur monarchiste, qui, au 30 janvier 1876, avait été élu par 140 voix sur 273 électeurs inscrits. M. Moustiers de Mérinville, qui se présentait pour lui succéder au nom des mêmes opinions, n’a obtenu que 87 suffrages, tandis que M. Ninard, membre de la gauche parlementaire, en a réuni 161. La majorité monarchiste d’il y a trois ans se trouve ainsi transformée en une majorité républicaine plus considérable encore. Le revirement est d’autant plus frappant qu’il se manifeste au lendemain de la promulgation des décrets du 29 mars, dans un département d’opinions très modérées et par un mode de votation où la prépondérance appartient aux délégués des campagnes.

Dans le Doubs, une élection législative ayant pour but de pourvoir au remplacement de M. Albert Grévy, nommé sénateur inamovible, a donné la victoire à M. Beauquier, candidat d’extrême gauche, sur M. Olivier Ordinaire, qui se présentait sous les auspices de l’Union républicaine. La lutte, d’ailleurs, a été très confuse, au second tour de scrutin comme au premier. La seule remarque à faire est qu’aucun des partis d’opposition à la République n’avait même essayé de poser une candidature.

Le suffrage universel va trouver, au surplus, de fréquentes occasions de se prononcer. 11 n’v a pas moins de huit sièges vacants à la Chambre des députés et, dès à présent, quatre collèges électoraux sont convoqués pour le 23 mai : ceux de Ribérac, de Sarlat, de la première circonscription de Lyon et d’Aurillac. Les trois premiers ont à remplacer MM. de Fourtou, de Bosredon et Edouard Millaud, qui ont changé récemment leur titre de député contre celui de sénateur ; le quatrième doit donner un successeur à M. Bastid, décédé. Le résultat sera surtout intéressant à étudier dans les circonscriptions de Ribérac et de Sarlat, où les candidats républicains auront à combattre sur un terrain acquis à leurs adversaires par les scrutins antérieurs.