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Expéditions scientifiques en Afrique

Vendredi 15 octobre 1880 ♦ Actualité

En même temps que des expéditions scientifiques, organisées ou encouragées par les divers gouvernements, attaquent de toutes parts le mystérieux continent africain et s’efforcent de compléter les documents recueillis par les premiers voyageurs, on cherche à profiter des renseignements déjà réunis pour faire pénétrer la civilisation au milieu des peuplades barbares, pour mettre en valeur les richesses naturelles accumulées dans ce vaste pays. Des divers points du littoral africain, on poursuit l’étude de routes se dirigeant vers le plateau central, soit parles rivières, soit par des voies ferrées. Mais jusqu’à présent une seule direction a été reconnue possible : c’est celle qui part de notre colonie du Sénégal, et le gouvernement s’est décidé à mettre le projet à exécution. Les Chambres ont voté les crédits nécessaires pour reconnaître complètement le terrain, y établir des forts susceptibles d’appuyer et de ravitailler les futurs travailleurs, en constituant une véritable ligne d’étapes sur des terrains concédés par les chefs de toutes les tribus qui bordent le parcours. L’expédition chargée de réaliser ce programme est partie de Bordeaux le 5 septembre, sous le commandement de M. Desbordes, chef d’escadron d’artillerie de marine.

On sait que s’il n’est pas possible de suivre le Niger depuis son embouchure jusqu’au point où il traverse les riches contrées situées à l’ouest du plateau central, il n’en est pas de même dans la partie supérieure du cours de ce fleuve, et que l’on peut facilement transporter des marchandises en remontant de Tombouctou vers sa source. On arrive ainsi à un point, Bamakou, éloigné d’environ 500 kilomètres de Médine. Or on sait qu’à Médine commence la partie navigable du Sénégal. Il suffit donc d’établir un chemin de fer entre Bamakou et Médine, opération qui parait facile dans cette contrée peu accidentée.

Tandis qu’une brigade topographique va procéder à une reconnaissance du pays à traverser, ce qui permettra d’établir le plan définitif de la voie ferrée, quatre forts seront mis en construction durant la première campagne, qui doit durer environ les six mois de la saison sèche. La route d’étapes sera alors terminée jusqu’à Kuta, à 200 kilomètres environ du Niger, et pourra être complétée l’hiver prochain, en même temps qu’on commencera et qu’on poussera activement les travaux de chemin de fer, indispensable dès qu’on s’écartera à cette distance de la base d’opération.

La Nouvelle Revue (Octobre 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.