Exposition internationale à New-York
Le fait d’une exposition internationale à tenir à New-York, en 1883, est désormais tranché. Le Congrès a voulu s’unir aux citoyens qui ont projeté de solenniser, par une grande fête pacifique de l’industrie, la reconnaissance solennelle de l’indépendance américaine par la mère patrie. Le canon, la musique guerrière, les bannières déployées, ne manqueront assurément pas à la célébration de ce nouveau centenaire ; mais c’est une heureuse et grande idée que de lui avoir donné pour attrait principal la convocation de toutes les nations à un grand tournoi industriel et commercial.
Émanée d’un comité particulier, qui a eu quelque peine à se former par suite de prétentions rivales, l’idée a dû entrer ces jours-ci dans sa période d’exécution pratique. Une circulaire du secrétaire du Trésor a, en effet, convoqué pour le 10 août, en la ville de New-York, les membres de la commission internationale en séance officielle. Cette réunion aura principalement pour but d’appeler les gouverneurs des divers États et territoires à nommer leurs commissaires respectifs. Ceux-ci, à leur tour, formeront une commission permanente, à laquelle seront soumises par la suite toutes les questions de détail.
L’industrie française tiendra certainement a honneur de figurer à ce nouveau rendez-vous du progrès international. Elle y a, d’ailleurs, un intérêt de premier ordre, en présence des efforts incessants de la jeune industrie américaine pour distancer ses anciennes rivales, et des problèmes commerciaux de toute sorte qui s’agitent en ce moment aux États-Unis.
Une autre réunion, dans laquelle le nom de la France se trouve étroitement associé à celui de la jeune Amérique, a dû avoir lieu à Yorktown dans les derniers jours de juillet. Les membres du comité nommé par le Congrès ont dû s’y rencontrer, à l’effet d’arrêter la commémoration de, la capitulation à jamais célèbre, qui consacra en fait l’indépendance des colonies insurgées contre leur métropole. On sait quelle part décisive les secours de la France prirent à cette capitulation. Outre une célébration solennelle, il est question d’élever sur place un monument destiné à perpétuer le souvenir de ce grand fait historique. Le propriétaire actuel des terrains offre gratuitement à cet effet un espace de cinq acres, et c’est, en grande partie, pour arrêter leur choix, que les commissaires sont appelés à se réunir.
Ce sera un digne prologue au rendez-vous universel que doit donner, deux ans plus tard, l’industrie américaine à toutes les nations. Ce sera aussi un grand enseignement; car les peuples verront là ce que peut un siècle de liberté bien employée pour l’avenir d’un pays.