Fête nationale, 14 juillet
Le titre de « Fête nationale », qu’un mouvement spontané de la population vient d’attacher à l’anniversaire de la démolition de la Bastille, lui reste définitivement et officiellement acquis. Une loi, promulguée dans les premiers jours de ce mois, porte que : « La République adopte la date du 14 juillet comme fête nationale. » Suit la formule consacrée : « Cette loi, délibérée et adoptée par le Sénat et la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’État. »
Au Sénat, deux membres de la droite, MM. Halgan et Poriquet, avaient proposé, par voie d’amendement, que la date du 4 août fût substituée à celle du 14 juillet, comme rappelant un souvenir pur de toute effusion de sang. La proposition a été écartée par 165 voix contre 86 ; mais il en reste ce fait assez singulier pour être relevé en passant : deux sénateurs royalistes ont pris sous leur patronage l’idée d’une fête commémorative de la Révolution. Pour avoir été pacifique, la nuit du 4 août 1789 n’en est pas moins une des dates révolutionnaires les plus étroitement liées à la chute de l’ancien régime et à l’avènement de la société nouvelle. En suggérant de solenniser ce souvenir, MM. Halgan et Poriquet paraissent n’avoir songé qu’à leur condition de roturiers et avoir oublié leur rôle de monarchistes. Est-ce naïveté, ou faut-il y voir un signe des temps ?
Le 14 juillet n’est donc plus la fête de Paris seulement ; ce devient la fête de toute la France. Partout, les municipalités et les populations se sont trouvées d’accord pour la célébrer, et, grâce au vote d’un crédit spécial de 500,000 francs, le gouvernement a pu concourir à en rehausser l’éclat.