L’épiscopat contre les décrets du 29 mars
Les membres de l’épiscopat qui, jusqu’à présent, ont formulé des protestations rendues publiques contre les décrets du 29 mars sont : l’archevêque de Tours; les évêques d’Angers, du Mans, de Nantes et de Laval; Mgr de Bonnechose, archevêque de Rouen, et le cardinal Régnier, archevêque de Cambrai.
Les cinq premiers ont formulé leurs objections dans un long mémoire rédigé et signé en commun; Mgr de Bonnechose et le cardinal Régnier ont choisi la forme de lettres adressées personnellement au président de la République et ne dépassant pas le cercle d’une discussion courtoise. L’une et l’autre de ces lettres sont empreintes d’une extrême modération ; mais celle du cardinal Régnier est surtout remarquable par le passage qui la termine. Quoi qu’il arrive, l’archevêque de Cambrai déclare que son clergé continuera à suivre la règle de conduite qu’il lui a tracée en septembre 1879. Or, voici en quels termes le prélat s’exprimait à cette époque :
« En dehors de toutes les agitations politiques, étrangers à toutes les affaires séculières, nous nous bornerons aux devoirs de notre ministère et ne demanderons que la liberté de les remplir.
« Quant à la société laïque, nous la servirons, malgré ses défiances, ses antipathies et ses oppositions, en recommandant à tous et en pratiquant nous-mêmes le respect pour ses magistrats, l’obéissance à ses lois, pourvu qu’elles ne soient pas contraires à la loi de Dieu, le dévouement à la patrie et le soulagement affectueux de toutes les souffrances. »
Ce langage, les nuances marquées qui distinguent entre elles les différentes manifestations de l’épiscopat, et le caractère à peu près individuel qu’affectent ces mêmes manifestations, nous semblent une première confirmation des conjectures développées dans notre chronique politique, touchant l’attitude probable du clergé séculier dans la question des congrégations.