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Nécrologie

Mardi 15 juin 1880 ♦ Actualité

L’impératrice de Russie, qui était venue, l’hiver dernier, demander au climat de notre Midi un rétablissement qu’elle n’y avait trouvé qu’en partie, a succombé, dans les premiers jours de ce mois, à Saint-Pétersbourg. Elle était fille de Louis II, grand-duc de Hesse, et avait épousé l’empereur Alexandre, alors prince héritier, le 28 avril 1841.

A Paris, nous avons à enregistrer la mort de M. Hippolyte Passy et celle du général Aymard.

Le premier pouvait être appelé le doyen des économistes français. Ministre à plusieurs reprises, sous le règne de Louis-Philippe et sous la présidence de 1848, il avait été surtout, pendant sa longue carrière, l’infatigable avocat de la liberté commerciale. On peut le mettre, à côté de Michel Chevalier, au premier rang des hommes auxquels la France est redevable de son émancipation économique.

Le nom du général Aymard restera intimement attaché à l’histoire de notre armée depuis quarante ans. Après avoir fait ses premières armes en Algérie, il fut de la guerre de Crimée, de la guerre d’Italie, de la guerre du Mexique, enfin de la guerre de 1870, où il faisait partie de l’armée de Metz. Après avoir commandé le 16e corps d’armée, de 1873 à 1878, il était, au moment de sa mort, gouverneur militaire de Paris, poste dans lequel va lui succéder le général Clinchant, son ancien compagnon d’armes au Mexique. Le général Aymard n’était pas seulement un vaillant soldat, un officier de haute distinction, c’était un caractère, et les regrets qui éclatent autour de son cercueil disent à quel point il avait l’estime publique. La Chambre lui a rendu un hommage mérité, en décidant que ses funérailles auraient lieu aux frais de l’État.

La Nouvelle Revue (Juin 1880)
Imprimé sur une presse rotative virtuelle à l'imprimerie municipale de Cheynac.