Recettes du Trésor
Après la progression si considérable constatée en 1879 dans les recettes du Trésor, il y avait presque lieu de s’attendre à un résultat relativement modeste pour 1880. Quelle que soit la prospérité d’un pays, la marche ascendante de son revenu public a nécessairement des bornes et doit subir des intermittences. Les relevés du premier trimestre de l’exercice donnent au contraire, dans les recettes du Trésor, une plus-value nouvelle de 24 millions comparativement à la période correspondante de l’année dernière. Sur ce total, l’enregistrement a fourni un peu plus de 3 millions, les douanes 16 millions, l’impôt sur les boissons près de 5 millions et demi. Une augmentation moins considérable comme chiffre, mais d’une portée spéciale comme signification, est celle du produit de l’impôt sur les transports de chemin de fer en grande vitesse : ce produit a passé de 2,651,000 fr. à 3,791,000 ; c’est un accroissement de plus d’un tiers, qui correspond à un développement d’activité équivalent dans le mouvement des voyageurs et des marchandises. L’impôt sur le revenu, qui fournit un moyen de contrôle non moins exact sur l’état de la fortune publique, a, de son côté, monté de 748,000 francs. Minime en apparence, cette somme prend une grande valeur si l’on calcule qu’elle représente une augmentation de près de 25 millions dans le chiffre des revenus sur lesquels l’impôt a été perçu au taux de 3%.
Le mois d’avril s’annonce sous des auspices plus favorables et, disons-le, plus surprenants encore : la première quinzaine, à elle seule, dépasse déjà de 12 millions les évaluations budgétaires.
D’autre part, le mouvement de nos exportations à l’étranger, qui avait faibli en janvier et février, s’est relevé k partir de mars avec un élan qui l’a reporté à un chiffre dépassant celui de l’année dernière.
Les partis monarchiques doivent, malgré toute leur assurance, éprouver quelque embarras à répéter encore que la République est la ruine.