Relations entre la France et le Mexique
On a récemment annoncé, comme un fait accompli, la reprise des relations interrompues depuis treize ans entre la France et le Mexique. C’est un événement auquel tout le monde applaudira, mais dont il convient de ne pas se réjouir trop tôt. Dans la période d’incertitude qu’ouvre nécessairement au Mexique le changement de présidence, il n’a pu être question jusqu’ici que d’accord éventuel. Il faut, en effet, d’abord que le rapprochement projeté trouve, dans le président nouveau, les mêmes dispositions que chez celui qui va quitter le pouvoir. Le général Porfirio Diaz, par cela même qu’il a combattu l’intervention sans trêve ni merci, professait une estime particulière à l’endroit de la France et de l’appui que l’Amérique espagnole peut trouver en elle. Son successeur désigné, le général Gonzalez, sera-t-il animé du même esprit ? Aura-t-il le même pouvoir de communiquer à son entourage ses sentiments et ses décisions ? Première question que les événements seuls peuvent résoudre.
D’autre part, le Sénat mexicain doit au préalable ratifier les conventions nouvelles conclues entre la France et le Mexique, en même temps que ratifier le choix de la personne chargée de représenter ce dernier pays, à Paris. Ici encore c’est l’inconnu qui se présente. Il convient donc d’attendre.
On a diversement parlé dés diplomates auxquels serait confié le soin délicat de rapprocher deux pays, divisés longtemps par l’interruption de toute relation directe et que risquera de diviser plus d’une fois encore le souvenir d’un temps douloureux pour l’un et l’autre. Le nom de M. Marion a été prononcé pour la France ; celui de M. Velasco pour le Mexique. Nous croyons qu’il n’y a eu là que de simples conjectures et que, sur ce point plus encore que sur les autres, les résolutions des deux gouvernements sont encore à venir.