Actualité de décembre 1880
♦ Le général Farre élu sénateur inamovible — Le Sénat a procédé, dans sa séance du 25 novembre, à l’élection d’un sénateur inamovible en remplacement de M. Broca.
Les gauches avaient adopté la candidature de M. le général Farre, ministre de la guerre ; les membres de la droite et les dissidents du centre gauche s’étaient réunis sur le nom de M. l’amiral Dupré.
Les préliminaires du vote avaient été marqués par une animation plus qu’ordinaire, les partis voulant en faire une. occasion de se compter.
Le scrutin a donné 274 bulletins, dont 5 blancs ou nuls : restent 569 suffrages exprimés.
M. le général Farre en a obtenu 138 et M. l’amiral Dupré 128... suite →
♦ Procès en diffamation — En attendant l’enquête parlementaire, la justice vient de prononcer dans le procès en diffamation intenté par le général de Cissey au Petit Parisien et à M. Laisant d’une part, à l’Intransigeant et à M. Henri Rochefort de l’autre.
Chacun d’eux a été condamné à 4,000 francs d’amende et 8,000 francs de dommages-intéréts, avec l’insertion de l’arrêt en tête de leurs colonnes et dans dix journaux de Paris au choix du demandeur.
La presse s’est montrée unanime à constater que les débats n’avaient établi, même à l’état de commencement de preuve ou de présomption motivée, aucune des charges articulées trop légèrement contre l’ancien ministre de la guerre.... suite →
♦ Droit d’association — La loi générale sur le droit d’association, qui est à l’étude au Sénat, ne devant pas passer dans le courant de cette législature, le gouvernement s’est préoccupé de mettre fin à la situation irrégulière dans laquelle se trouvent, par le fait d’une législation incomplète, les chambrés syndicales de patrons et d’ouvriers.
Les ministres de l’agriculture et du commerce, de la justice et de l’intérieur, ont préparé à cet effet un projet de loi qui, dans ses dispositions générales, donnera satisfaction aux justes réclamations des intéressés.
L’exposé des motifs rappelle que deux lois de 1791 ont établi la liberté du travail. La première, qui est des 2 et 14 mars 1791, a... suite →
♦ Congrès ouvrier du Havre — Le congrès ouvrier du Havre n’a pas entièrement répondu au bruit qui s’était fait par avance autour de sa réunion. La cause principale est la scission qui s’est produite dans ses rangs dès la première séance et qui, en donnant deux assemblées au lieu d’une, a divisé l’attention. D’un autre côté, le congrès proprement dit a commis la faute de sortir de la sphère à laquelle il aurait du se limiter ; en dépassant le terrain qu’il connaissait, il est tombé dans le domaine de l’utopie et a fait plus d’un faux pas.
L’ensemble de ses délibérations et des vœux qu’il a émis, néanmoins, atteste ce que nous avions... suite →
♦ Nécrologie de la quinzaine — Les morts à noter ont été nombreuses depuis quinze jours.
La Chambre des députés a vu emporter coup sur coup trois de ses membres : M. Gustave Colin (du Doubs), M. Reymond (de l’Isère), M. levicomte de Chambrun (de la Lozère).
La marine a perdu M. le contre-amiral Sellier, âgé seulement de 57 ans et qui comptait à peine trois années de grade.
Nous avons à mentionner aussi la mort d’un peintre qui avait eu sa place aux premiers rangs de notre école artistique, bien qu’à peu près perdu de vue aujourd’hui : M. Léon Cogniet. Sa réputation, basée sur des œuvres consciencieuses plutôt que brillantes, avait eu surtout... suite →
♦ De Bordeaux à Versailles — M. A. Ranc vient de publier une édition nouvelle de son récit intitulé : De Bordeaux à Versailles. En tête du volume, nous trouvons un avant-propos dont les derniers paragraphes, venant surtout d’une telle plume, sont une curieuse et instructive actualité politique :
« Je ne saurais m’associer à cette politique que ses partisans croient être la politique des principes, que d’autres ont baptisée la politique intransigeante, la politique du « tout ou rien » et que j’appelle, moi, la politique d’aventures. Comme en février 1877, je pense que la politique intransigeante n’a pas de sens ou qu’elle a pour conséquence nécessaire l’action révolutionnaire, l’appel à la force. A... suite →
♦ M. Paulon élu député — Le département des Basses-Alpes (arrondissement de Sisteron) a élu pour député M. Paulon (républicain), par 2,778 voix contre 2,704 données à M. Bontoux, et 38 bulletins nuls. On a compté 5,520 votants sur 6,640 inscrits. Ces chiffres indiquent que le scrutin a été vivement disputé.... suite →
♦ Siège épiscopal de Poitiers — Le siège épiscopal de Poitiers, rendu vacant par la mort de Mgr Pie, était sans titulaire depuis un temps assez long déjà ; on a parlé de dissentiments entre le gouvernement de la République française et le Vatican, relativement à la nomination à faire ; des questions d’opinions et de doctrines compliquaient, paraît-il, la question de personne.
Le différend, quelles qu’en fussent la signification et la portée, a été aplani. M. Bellot des Minières, vicaire général du diocèse de Bordeaux, est nommé par décret présidentiel pour succéder à Mgr Pie.
On représente M, Bellot des Minières comme un esprit éclairé, un prélat tolérant, un caractère libéral et sincèrement français.... suite →
♦ Réception de M. Maxime Du Camp à l’Académie française — L’Académie française a décidé que la séance publique pour la réception de M. Maxime Du Camp aurait lieu le 23 décembre.
Le récipiendaire aura pour parrains MM. J.-B. Dumas et Alexandre Dumas.
La séance sera présidée par M. Caro, chargé de la réponse au discours de M. Maxime Du Camp.... suite →
♦ M. Baudry d’Asson — M. Baudry d’Asson a saisi le doyen des juges d’instruction, près le tribunal de première instance de la Seine, d’une plainte contre MM. Gambetta, de Mahy et Margaine, députés, et Steyer, chef des huissiers de la Chambre, pour séquestration illégale, conformément aux articles 68 du code d’instruction criminelle, 341 et 343 du code pénal.
Il a déclaré, en outre, se porter partie civile, afin d’avoir le droit d’intervenir dans les débats judiciaires.
Le parquet devra donc décider s’il y a lieu de demander à la Chambre l’autorisation de poursuivre son président et ses questeurs, pour avoir incarcéré M. Baudry d’Asson, après l’avoir enlevé de son siège.... suite →
♦ Monument à Gustave Flaubert — Grâce à l’initiative de M. Ivan Tourgueneff et d’un petit nombre de ses amis, un comité s’est formé en vue d’ériger un monument à Gustave Flaubert. L’écrivain accompli, le chercheur infatigable qu’a récemment perdu la France littéraire méritait ce souvenir.
« Toutes les hautes passions, aucune passion inférieure, c’était là Flaubert, ce grand cœur, ce noble esprit. » Ainsi le caractérise Victor Hugo dans une lettre par laquelle il accepte la présidence d’honneur du comité qui vient de s’organiser.
Celui-ci adresse aux journaux un appel qui sera entendu de tout le monde. Cet appel est revêtu des signatures suivantes ;
Victor Hugo, président d’honneur ; Ivan Tourgueneff ; Ch.... suite →
♦ Arbre de Noël à Paris — De même que les années précédentes, Paris aura son Arbre de Noël au profit des enfants alsaciens-lorrains ; mais cette solennité, devenue nationale, n’aura plus lieu au théâtre du Châtelet. L’empressement public avait rendu la salle insuffisante. C’est dans la vaste enceinte de l’Hippodrome que se dressera le sapin traditionnel, poussé en terre alsacienne, avec ses branches chargées de jouets et de drapeaux tricolores. C’est là que la société d’Alsace-Lorraine convie les enfants à qui elle prépare, en même temps qu’une soirée de fête, des joies pour plus d’un lendemain, les familles dont elle s’est constituée la bienfaitrice et les spectateurs qui veulent jouir de ce touchant coup... suite →