Actualité de février 1880
♦ Remplacement de M. de Montalivet — Le Sénat avait fixé au jeudi 29 janvier l’élection d’un sénateur inamovible en remplacement de M. de Montalivet ; mais le scrutin n’a pas produit de résultat.
Le nombre des votants était de 262, sur lesquels il va eu 6 bulletins blancs ; restent, par conséquent, 256 suffrages exprimés, sur lesquels la majorité absolue était de 129. Les votes sont partagés comme suit :
M. Broca...................... 126
M. Bétolaud................... 118
M. Vacherot................... 11
Le général Bourbaki........... 1
Aucun des candidats n’ayant réuni la majorité absolue, l’élection a été renvoyée an jeudi 5 février.... suite →
♦ Réforme de la magistrature — M. Cazot, ministre de la justice, a saisi la Chambre du projet de loi relatif à la réforme de la magistrature. L’économie générale de ce projet a pour but la réduction du personnel judiciaire actuel par la suppression d’un nombre assez considérable de sièges dans les cours et tribunaux, le principe de l’inamovibilité demeurant d’ailleurs hors de cause.
Dans les cours, on ramène le minimum auquel les conseillers doivent délibérer valablement, à cinq pour le civil et trois pour le correctionnel.
Dans six cours, celles de Lyon, Bordeaux, Aix, Toulouse, Douai et Rouen, le nombre des chambres est abaissé de quatre à trois.
Dans toutes les autres cours, le... suite →
♦ Nouveaux organes politiques — Les deux nouveaux organes politiques dont nous avions annoncé l’apparition prochaine ont en effet commencé leur publication : la Justice, sous la direction effective et déclarée de M. Clémenceau ; le Réveil social, dont M. Louis Blanc s’est contenté d’accepter le patronage platonique dans une lettre insérée en tête du premier numéro.
Il sera intéressant d’observer quelle place et quelle importance vont prendre, dans l’attention et l’opinion publiques, ces deux feuilles essentiellement militantes. L’une et l’autre arborent à peu près le même drapeau et entrent dans l’arène au nom du même groupe de l’extrême gauche parlementaire ; mais, tandis que le journal de M. Clémenceau engage la bataille sur le... suite →
♦ Bilan de la prospérité nationale — L’année 1879 a eu ses jours difficiles pour l’industrie ; elle marquera dans les annales agricoles comme une des plus mauvaises et dans les annales météorologiques comme une des plus calamiteuses du siècle. En dépit de tout cela, à rencontre des prédictions sinistres lancées de mois en mois, les chiffres dans lesquels vient se résumer le bilan de la prospérité nationale, après tant de circonstances contraires, apportent un nouveau démenti aux pessimistes de propos délibéré qui appellent tous les maux possibles sur la France, en haine de là forme de gouvernement qu’elle s’est donnée.
Le rendement éventuel des impôts indirects avait été évalué, dans les prévisions budgétaires, à... suite →
♦ M. le duc de Gramont et M. Jules Favre — La mort vient d’emporter, à quelques jours de distance, deux hommes séparés pendant tout le cours de leur vie par leur origine, leur carrière, leur position, leurs idées, et dont pourtant lés noms resteront indissolublement liés l’un à l’autre dans l’histoire, chaque fois qu’il sera question de la guerre néfaste de 1870 : M. le duc de Gramont et M. Jules Favre.
Le premier appartenait à ce ministère au cœur léger qui lança la France dans la plus terrible des aventures. Ce fut lui qui, en qualité de ministre des affaires étrangères, porta et lut à la tribune la fameuse déclaration où le gouvernement... suite →
♦ Fauteuils vacants à l’Académie française — Deux noms nouveaux sont venus s’ajouter à la liste des candidatures pour les fauteuils vacants à l’Académie française : celui de M. Wallon, qui appartient déjà à l’Institut, comme membre de l’Académie des sciences moraies et politiques, et celui de M. Jules Barbier.
D’un autre côté, l’Académie a pris une décision qui va grandement modifier les conditions de ses élections à venir ; elle a résolu que le vote pour la nomination de ses nouveaux membres aurait lieu désormais sans la discussion préalable de leurs titres qui était devenue d’usage depuis un certain nombre d’années. Ce retour aux habitudes de scrutin silencieux, déterminé par une proposition de M.... suite →
♦ A M. Ferdinand de Lesseps — Malgré l’antagonisme qu’a soulevé aux États-Unis le projet du canal de Panama, New-York prépare à M. de Lesseps la réception qu’une grande nation maritime et commerciale ne pouvait refuser au promoteur de cette œuvre immense du canal de Suez.
En arrivant à San Francisco, où il est attendu dans les derniers jours de ce mois, M. de Lesseps y trouvera la lettre suivante, signée par tout ce que la population new-yorkaise compte de plus éminent :
« A M. Ferdinand de Lesseps.
« Monsieur,
« Nous apprenons avec plaisir que vous visiterez bientôt cette ville. L’éminente distinction à laquelle vous vous êtes élevé par votre profession dans le... suite →
♦ Lettre de M. de Lesseps — En même temps que nous arrivait de New-York la nouvelle de la réception préparée à M. de Lesseps, nous recevions de M. de Lesseps lui-même la lettre suivante qui le montre plus confiant que jamais dans son entreprise :
« Colon, le 8 janvier 1880.
« Après mon arrivée ici, le 28 décembre,dans un magnifique port qui sera l’entrée de notre canal sur l’Océan Atlantique, je me suis dirigé par le chemin de fer, avec ma commission d’ingénieurs, vers Panama, en parcourant en trois heures, par une température de printemps, la plus belle région du monde, dont ni le pinceau ni la poésie ne peuvent décrire les splendeurs.
♦ Bulletin nécrologique — Le bulletin nécrologique est long, cette semaine.
En tête figure le nom de M. Crémieux qui, avant de faire partie du gouvernement de la Défense nationale en 1870, avait été membre du gouvernement provisoire en 1848. Il était par conséquent du petit nombre de ceux dont le souvenir restera attaché à l’histoire de notre second essai de République, en même temps qu’à la fondation de la troisième. Avocat éminent, esprit profondément honnête, conscience inaltérablement dévouée aux principes de liberté, M. Crémieux a parcouru sa longue carrière au milieu d’une estime publique qu’il a été donné à bien peu d’hommes de posséder d’une manière aussi constante. Sa fin a offert quelque chose... suite →
♦ Élections académiques du 26 février — A l’approche des élections académiques du 26 février, les rangs des candidats ont grossi. Aux noms de MM. Eugène Labiche, Ch. de Mazade et Paul de Saint-Victor, que nous avions mentionnés, sont venus se joindre ceux de MM. Laboulaye, Wallon, Léon Halévy, Ratisbonne et Maxime Du Camp.
On sait que l’Académie française doit, dans cette séance, pourvoir aux deux sièges devenus vacants par suite de la.mort de MM. de Sacy et Saint-René Taillandier.
Une troisième vacance s’est produite récemment par la mort de M. Jules Favre. On mentionne comme se mettant sur les rangs MM. Allou, Rousse et Oscar de Vallée.
De son côté, l’Académie des sciences morales... suite →
♦ Projet du canal de Panama — On a des nouvelles de Panama jusqu’à la mi-janvier et elles continuent à être favorables pour le projet du canal interocéanique.
M. de Lesseps s’était rendu personnellement à l’endroit, près de Cruces, où doit être construit le barrage pour faire dériver la rivière Chagres,et dans une conversation particulière il avait parié avec enthousiasme de ce travail, beaucoup plus facile, a-t-il dit, qu’il ne l’espérait. Il n’y a pas eu, à proprement dire, d’inauguration des travaux, car il n’y a pas de travaux ni commencés ni à commencer de sitôt. On a, en réalité, entamé le sol, mais cela s’est borné à l’ouverture et à l’explosion d’un trou de... suite →
♦ Expositions artistiques — Chaque année, quelques mois avant le salon du Palais de l’Industrie, les cercles de la rue Volney et de la place Vendôme organisent des expositions artistiques qui en sont comme le lever de rideau ou la préface. Ces petits salons sont fort appréciés et obtiennent toujours un vif succès, justifié pleinement d’ailleurs par les conditions spéciales de leur organisation. Les exposants, dans l’un et l’autre cercle, sont presque tous des artistes de grand talent, quelques-uns même des maîtres de l’école contemporaine. Les œuvres qu’ils envoient ont pour la plupart un caractère particulier qui leur donne un grand charme et un intérêt spécial pour ceux qui s’occupent sérieusement de l’art et qui... suite →
♦ Concours artistiques — Le plus important des concours artistiques que la ville de Paris ait organisés jusqu’ici a été jugé le 1er février. Le programme ne comprenait pas moins de six séries de travaux considérables, à exécuter dans les mairies des IIe, XIIe, XIIIe et XIXe arrondissements et dans les écoles de la rue Château-Landon et de la rue Dombasle. Ce concours a été très intéressant. Le mérite relatif des œuvres dont il a provoqué la production, le chiffre considérable des artistes de talent qui y ont pris part, prouvent que nos prévisions et nos souhaits n’étaient point aussi illusoires qu’on le prétendait. Les nombreuses abstentions que nous avions eu le regret de constater... suite →