Actualité de janvier 1880
♦ La température s’est montrée d’une rigueur particulièrement tenace — Le mois de décembre 1870 a réalisé jusqu’à ses derniers jours les menaces de son début. Du 4 au 28, la terre est restée couverte de couches de neige durcie, les canaux gelés et aussi la plupart des rivières et des fleuves ; la Saône et le Rhône ont même été pris, à Lyon, où la température s’est montrée d’une rigueur particulièrement tenace. Les communications par eau n’existaient plus; sur les routes de terre elles étaient à peu près nulles ; les chemins de fer, demeurés l’unique moyen de transport, ont eu eux-mêmes à lutter contre des difficultés qui les paralysaient en partie, alors qu’ils... suite →
♦ Cinq nouveaux journaux — Cinq nouveaux journaux sont venus récemment grossir les rangs, déjà si serrés, de la presse parisienne. Dans ce nombre, on compte quatre feuilles quotidiennes : le Peuple français, le Gil Blas, l’Opinion publique et le Journal à un sou ; le cinquième parait hebdomadairement et a pour titre : La Rue. Au point de vue politique, le Peuple français est le seul qui n’appartienne pas à l’opinion républicaine ; il a repris la tradition, en même temps que le nom, de l’organe fondé par M. Clément Duvernois pour soutenir la cause de l’Empire, dans les derniers temps du règne de Napoléon III. Il a adopté le prix de 5 centimes,... suite →
♦ Intervention au Tonquin — Les bruits relatifs à une intervention au Tonquin prennent une grande consistance, et quoique aucune décision ne soit encore, pensons-nous, arrêtée à ce sujet, l’on peut regarder dès maintenant comme très probable cette expédition, qui depuis longtemps déjà, d’ailleurs, parait indispensable.
Les stipulations du traité signé le 15 mars 1874, à la suite de l’expédition de Francis Garnier, n’ont été observées que par nous. Nous avons donné au gouvernement de Hué tout ce que nous lui avions promis : armes, munitions, navires ; nous l’avons aidé dans la répression de la piraterie. Mais le fleuve Rouge est toujours aussi inaccessible au commerce ; s’il est ouvert officiellement, les Annamites ont... suite →
♦ Académie — L’Académie française a, en ce moment, deux nouveaux élus à recevoir : MM. Taine et le duc d’Audiffret-Pasquier ; et deux membres à élire, en remplacement de MM. Sylvestre de Sacy et Saint-René Taillandier.
Dans une de ses dernières séances, elle a fixé comme suit les dates de cette double solennité et de cette double élection :
Jeudi, 15 janvier, réception de M. Taine ;
Jeudi, 19 février, réception de M. le duc d’Audiffret-Pasquier ;
Jeudi, 26 février, élection des deux académiciens appelés à remplir les fauteuils vacants.
Malgré cette annonce officielle, les candidatures mettent une lenteur inusitée à se produire. Jusqu’à ces derniers jours, une seule était mise en avant, celle... suite →
♦ Directions de l’administration centrale — M. le général Farre a marqué son entrée au ministère de la guerre par un changement a peu près complet de tout le haut personnel préposé aux directions de l’administration centrale.
M. le général Davoust, chef d’état-major général, est remplacé par M. le général Blot, commandant la 2e division d’infanterie, dont le quartier général est à Arras.
M. le général Thoumini de la Haulle, directeur de l’infanterie, est remplacé par M. le général Thibaudin, chef d’état-major du gouvernement de Lyon et du 14e corps d’année.
M. le général Schneegans, directeur de l’artillerie, est remplacé par M. le général Sempé, directeur de l’artillerie au 6e corps d’armée, dont le quartier... suite →
♦ Rapport de M. le sous-secrétaire des Beaux-Arts — Le sujet qui a le plus servi à défrayer la polémique et la conversation parisiennes, dans ces derniers jours, n’a été ni la question monténégrine qui commence, ni la question grecque qui ne finit pas ; ni la question d’Orient et la question égyptienne qui ne finissent que pour recommencer ; pas même la question de l’article 7, dont tout le monde aspire à voir la fin. C’est à un simple rapport de M. le sous-secrétaire des Beaux-Arts qu’est revenu l’honneur d’occuper presque exclusivement l’attention et la discussion publiques depuis le commencement de l’année, le Journal officiel l’ayant publié le 3 janvier en guise d’étrennes.
Ce... suite →
♦ Effectifs de l’infanterie — A diverses reprises, la question des effectifs de l’infanterie a été soulevée dans la presse comme à la tribune.
La loi des cadres assigne 85 hommes à chaque compagnie.
C’est là un chiffre notoirement insuffisant, alors que les Allemands comptent 194 hommes par chacune de leurs unités tactiques.
On sait, en effet, qu’au moment d’une mobilisation, la compagnie doit être portée à 250 hommes.
N’est-il pas évident que, si la compagnie compte peu d’anciens soldats et une proportion trop grande de réservistes, elle ne présentera plus cette homogénéité, cette solidité qui est la première condition d’une troupe.
La loi des cadres est donc, sur ce point au moins, à remanier... suite →
♦ Arrivée à Suez de M. de Nordenskiold — On annonce l’arrivée à Suez de M. de Nordenskiold, à bord de la Vega. L’illustre navigateur suédois retourne dans son pays, après une absence d’une année et demie consacrée à la solution d’un des grands problèmes de la géographie. Parti de Tromsoë, en Norwège, le 28 juillet 1878, il est arrivé à Yokohama le 4 septembre dernier, après avoir hiverné 264 jours sur les côtes de Sibérie. Le voyage de circumnavigation ainsi accompli rend donc désormais certaine l’existence, jusqu’alors problématique, d’une communication possible et jusqu’à un certain point praticable, entre l’Europe et l’Asie par l’Océan glacial arctique.
Cette découverte du passage du Nord-Est, — pour lui... suite →
♦ Élections académiques du 26 février — Une troisième candidature est annoncée, à côté de celles de MM. Labiche et Mazade, pour les élections académiques du 26 février : celle de M. Paul de Saint-Victor. Le premier sentiment qu’éveille ce nom est l’étonnement que l’écrivain qui le porte ne siège pas depuis longtemps déjà à l’Académie française. Sa place y était marquée, avant celle de bien d’autres auxquels on a donné le pas sur lui. Peut-être y a-t-il eu un peu de sa faute ; nous aimons à le croire pour l’honneur de l’Académie elle-même. M. Paul de Saint-Victor appartient, en effet, par race et par tradition, à cette génération indépendante qui, mettant toute sa... suite →
♦ Saison théâtrale — La saison théâtrale continue à se traîner languissamment, sans jeter le moindre éclat. Il semble que les rigueurs de la température aient encore ajouté à l’engourdissement de la vie dramatique. La fin du mois, cependant, promet un commencement du réveil et plusieurs premières représentations: le Fils de Coralie au Gymnase, le Beau Solignac au Châtelet, Turenne à l’Ambigu, Jean de Nivelle à l’Opéra-Comique, et Pétrarque à l’Opéra-Populaire. Quant au Daniel Rochat de M. V. Sardou, le Théâtre-Français ne paraît pas devoir le donner avant les premiers jours de février. Il en est de même pour l’Attila de M. de Bornier, à l’Odéon.
Pour nous faire prendre notre mal en patience, ce... suite →